lundi 18 août 2025

Ce que j’ai traversé, ce que je suis

Salut à tous, Pas d’intro marketing. Pas de résumé poli. Juste un besoin de poser ici les mots. Raconter ce que j’ai traversé, ce qui m’a construit, ce qui m’anime. Ce texte, ce n’est pas une carte de visite. C’est ma voix, posée noir sur blanc. Grandir sans voir, mais pas sans envie Je suis né aveugle. Ou très malvoyant au début. Assez pour lire un peu les gros caractères, mais pas pour longtemps. Ma sœur voyait, moi pas. Mais ça ne m’a jamais empêché de vouloir faire comme elle. Quand elle a appris à faire du vélo, j’ai voulu aussi. J’ai commencé sur son vieux vélo rose et vert, avec les petites roues d’appui. Puis un demi-vélo, puis un tandem. Aujourd’hui, je roule sur un tandem électrique. Et la sensation de liberté est toujours là. Premier contact avec la mer : la Corse Avant même de découvrir la voile avec Kaspar, j’avais déjà eu un premier coup de cœur… en Corse. Sur une plage, avec un petit catamaran, j’ai goûté à la mer, au vent, à la glisse. Je ne savais pas encore que ça deviendrait une passion, mais à ce moment-là, j’ai su une chose : je voulais recommencer. Et continuer. Encore. Toujours. École adaptée, école ordinaire J’ai commencé mon parcours scolaire au CPHV de Lausanne, le Centre pédagogique pour élèves handicapés de la vue. J’y ai appris le braille, l’usage du lecteur d’écran JAWS, et tous les outils qui allaient m’accompagner dans la vie. Une demi-journée par semaine, j’allais aussi à Pully, dans une école dite "normale". Ce mélange a été essentiel. Jusqu’en 6e année, j’ai gardé un pied dans les deux mondes. Le Valentin : un cadre humain Pour continuer ma scolarité, on a cherché une école prête à m’accueillir. C’est l’école du Valentin qui a dit oui. J’y ai terminé ma 8e et 9e année, et j’y ai rencontré Jennifer, mon amie fidèle encore aujourd’hui. On était en 2007. J’avais fini l’école obligatoire. Mais ce n’était que le début du vrai combat. Pomy : trois mois d’enfer On m’a alors envoyé faire un stage d’observation de 3 mois à l’ORIF de Pomy. Et franchement ? Un cauchemar. Aucune écoute. Une ambiance froide, méprisante. Des encadrants rigides, fermés, à côté de la plaque. Pas une vraie formation. Pas un tremplin. Juste une épreuve à encaisser. J’ai tenu trois mois. Pas un de plus. Et j’ai claqué la porte sans regret. Jeuncomm : respirer à nouveau Après cette expérience toxique, l’école Jeuncomm m’a redonné un peu d’air. Là, on m’a parlé normalement. On m’a respecté. J’ai pu reprendre pied, envisager une formation sérieuse. Et surtout : j’ai retrouvé confiance. C’est aussi là qu’un ami m’a proposé de naviguer. Un moment fondateur. Le vrai déclic voile : Kaspar Grâce à Kaspar, j’ai mis les pieds sur un voilier pour la première fois. C’était en 2008–2009. Et tout de suite, j’ai compris : sur l’eau, je ne suis pas "en retard". Je sens le vent, la gîte, les mouvements du bateau. Je peux barrer, écouter, anticiper. La voile m’a fait du bien. Et elle ne m’a jamais quitté. Cery : l’épreuve de trop Dans ce parcours, l’AI a voulu m’envoyer passer un bilan. Résultat : un rendez-vous avec un psychiatre mandaté, à Cery. Je me souviens encore de lui : froid, figé, sûr de lui. Il voulait à tout prix me coller un diagnostic inadapté. Il ne m’écoutait pas. Il m’analysait. Et ça, je l’ai très mal vécu. Mais je ne me suis pas laissé enfermer dans sa vision. Formation CFC à Aigle En 2012, j’ai intégré l’ORIF d’Aigle pour une formation CFC d’employé de commerce. L’école se faisait à l’École professionnelle commerciale de Lausanne. C’était exigeant. Alternance. Fatigue. Adaptations. Mais j’ai tenu le cap. Et le jour des résultats, la directrice m’a dit : « Vous ne l’avez pas eu au rabais, bravo ! » Cette phrase, je m’en souviendrai toujours. L’invalidité reconnue Malgré le diplôme, l’assurance invalidité a tranché : 85 % d’invalidité. Un chiffre. Une étiquette. Et derrière : aucune porte ouverte vers un emploi stable. Un mur en face. Mais pas une fin. Juste le début d’un autre chemin. Mon rêve d’enfant : la physiothérapie À 9 ans, ma mère s’est blessée au genou. Une physiothérapeute venait à domicile. J’étais fasciné par ses gestes, sa précision, son calme. Et un jour, je lui ai dit : « Moi aussi, je veux faire ce métier. » Mais quand on est aveugle, on vous répond vite : « Ce n’est pas possible. » Alors j’ai rangé ce rêve. En silence. Le thérapeute aveugle et la bascule Des années plus tard, ma sœur se fait masser au Centre d’analyses sportives de Lausanne. Le thérapeute est aveugle. Elle lui parle de moi. Il accepte de me rencontrer. Ce jour-là, tout change. Il me parle vrai. Il me montre que c’est faisable. Il me tend une réalité que je croyais inaccessible. Le diplôme de massothérapeute Je me suis inscrit à l’école Épidaure. J’ai suivi la formation de A à Z. Et le 11 décembre 2016, j’ai obtenu mon diplôme. Ce jour-là, j’étais en week-end de ski avec des amis. Mais j’ai tout stoppé pour être à la cérémonie. Parce que ce diplôme, je le devais au petit garçon qui croyait qu’il n’aurait jamais le droit. Le ski, la glisse, l’équilibre Le ski fait aussi partie de ma vie. Mes parents m’ont appris à leur manière. Pas pour gagner. Pas pour épater. Mais pour sentir la neige, la vitesse, la liberté. Et skier, c’est encore aujourd’hui une manière d’être vivant. 2020 : tout s’arrête Puis le Covid est arrivé. Massages arrêtés. Sorties gelées. Projets en suspens. Mais dans ce vide, une nouvelle passion a surgi : la radio. Radios et voix sur les ondes En 2022, je découvre la CB (citizen band). Ma première radio : une Alan 42. Puis un President McKinley. Ensuite, les PMR446 : Motorola T5422, puis Midland G9 Pro. Je suis toujours là-dessus. Et je continue d’explorer ce monde-là. La mer, encore et toujours Avec l’association La Barre Blanche, j’ai navigué en Bretagne, à Minorque, et sur un ketch. Chaque fois, des expériences humaines fortes. Des équipages formidables. Et la mer, toujours fidèle. La mémoire des voix Depuis l’enfance, j’ai une mémoire des voix. Je reconnais les gens au son. Je reconnais même les bateaux de la CGN à leur voix moteur. Ce n’est pas un superpouvoir. C’est juste une autre manière d’écouter. Aujourd’hui Je suis massothérapeute indépendant. Je navigue. Je parle sur mes radios. Je skie. Je vis. Je construis, doucement, un quotidien qui me ressemble. Je n’ai pas toutes les réponses. Mais je continue. Parce que c’est ça, ma vraie force : je ne m’arrête pas.

1 commentaire:

  1. Bravoooo mon Maxou on est fière de toi et continue à te projeter en avant … il y a encore du chemin même si ça fait un peu peur à la maman que je suis

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